Ce que je vais écrire ici risque de déplaire ...

Bonjour,
Ce que je vais écrire ici risque de déplaire à la majorité d'entre vous, mais je ne peux m'empêcher de réagir après avoir lu l'article paru dans le Ciné Télé Revue.
J'ai moi-même fait une fausse couche à 18 semaines de grossesse. Je portais une petite fille qui d'après l'autopsie, présentaient plusieurs anomalies génétiques. Mon mari et moi avons su très bien réagir suite à cet accident et nous concentrer dès lors sur la "grande" fille que nous avons et qui est elle en pleine santé. Nous n'aurions pas voulu lui faire subir le poids de notre chagrin et je crois que nous y sommes arrivé. Si comme le veut votre pétition, un enfant devait avoir une identité à partir de 12 semaines de grossesse, cela obligerait tous les parents dans votre cas à procéder à des funérailles car je ne vois pas comment vous pourriez faire 2 poids 2 mesures. Soit un enfant n'est pas encore reconnu comme être vivant et sa dépouille (que je ne crois pas que quiconque considère comme un déchet organique) est prise en charge par l'hôpital, soit il est reconnu, a une identité et doit être traité comme toute autre personne décédée, ce qui implique donc des funérailles complètes. Je suis heureuse de n'avoir pas eu à subir cela...
Avec tout le respect que je vous dois

Bonsoir Séverine.

Il n'est pas question de plaire ou de déplaire à qui que ce soit... Un débat est ouvert et si tout le monde est du même avis, le débat n'a pas lieu d'être...

D'une façon très claire, nous avons fait incinérer notre petite Juliette et ça nous a coûté 50 €, ce qui ne me semble pas hors de portée... En outre, lors de l'intervention télévisée, j'ai bien parlé de "possibilité" et pas d'obligation. Je comprends tout à fait que certaines personnes n'aient pas le même ressenti que nous...

Jamais je ne considérerai ma fille comme un déchet organique et à l'heure actuelle, c'est ce qu'elle est aux yeux de la loi.
Je l'ai sentie bouger, nous l'avons aimée pendant la grossesse, nous l'avons vue et je peux vous dire que c'était un être humain.

Nous avons également un petit garçon - qui avait deux ans à l'époque -qui sait qu'il a eu une petite soeur qui est morte. Il est épanoui et ne vit pas dans une ambiance chagrine.

Valérie

Bonjour! Je suis tout à fait d'accord sur le fait que Valérie a toujours parlé du choix que pourraient prendre les parents...
Chaque personne réagit avec sa vision des choses...
Nous aurions aimé que son prénom suive celui de son frère et de ses soeurs sur notre livret de mariage...
Elle fait partie de nous, de notre famille, ce n'est pas un "sujet" tabou pour nous 5, nous aimerions que ce soit pareil pour les "autres"... et si la loi pouvait nous aider....
J'ai fait suivre la pétition, celui qui a eu envie de signer la fait, celui qui n'en éprouve pas le besoin, ne l'a pas fait et je n'en tiens rigeur à personne...

Chacun son choix, mais qu'on nous donne, à nous, le choix de choisir aussi!

Bisous à toutes, courage!

Bonjour Séverine,

Je me permets de vous répondre également si vous le permettez.
Tout d'abord, je suis désolée pour votre petit bébé et je suis sincèrement ravie que vous ayez pû faire votre deuil.
Malheureusement, toutes les histoires sont différentes et chaque deuil est différent.
La démarche est de donner la possibilité aux parents de CHOISIR et pas d'imposer un choix pour ce petit être qui est le leur et au risque de vous choquer, il est bel et bien "UN DECHET ORGANIQUE" sur le plan juridique comme médical même si le côté humain fait que ce terme n'est pas utilisé par nombreux médecins.
En lisant des kilomètres de lois et de projets de lois sur le sujet, je me suis offusquée encore et encore pour ce terme mais c'est bien celui employé, bref!
Il y aurait tout-à-fait moyen d'offrir une recconaissance légale à ce petit enfant comme c'est déjà le cas dans certains pays.
Ensuite, ce serait bien entendu aux parents de choisir le devenir de leur petit, tout petit comme c'est le cas pour un enfant né à 24SA sans vie. Cela me semble tellement normal finalement, à moi maman de 6 enfants que les parents puissent choisir le dernier chemin de leur enfant comme d'officialiser cet enfant si ils le désirent.
Certains parents ont besoin de pouvoir se receuillir à un endroit, de garder la dépouille de leurs petits, d'autres veulent tourner la page et se consacrer à leurs grands, autres petits à venir, préfèrent confier leur petit aux institutions en place.
Je ne pense pas que l'un soit meilleur que l'autre, qu'un choix soit plus humble, plus courageux que l'autre, je pense que tout parent doit avoir le choix de pouvoir reconnaître, parler, nommer et enterrer son enfant si ils le désirent aussi petit soit-il afin de pouvoir avancer et faire son deuil comme il en ressent le besoin, tout simplement.
Je comprends que certaine maman soit heureuse de ne pas avoir eu à "subir" cela mais je connais tellement de mamans qui souffrent tant de ne pas savoir finalement ce qu'est devenu leur petit, de ne pas avoir pû enterrer leur petit, qu'un juste milieu avec une simple possibilité de choix au milieu de toute cette souffrance serait, sans doute, à mon sens, d'une immense richesse pour tous les parents endeuillés.

Avec toute ma tendresse pour tous ces petits partis trop tôt et une douce pensée à 2 grands frères partis bien trop tôt qui doivent voir de là-haut une petite soeur en train de naître...

Bonsoir, Séverine,

Je pense aussi que la "juste mesure" serait que les parents aient la possibilité de choisir ce qu'ils souhaitent vivre autour du décès de leur tout petit bébé.
J'ai perdu une petite fille par IMG à 21 semaines 1/2 de grossesse.
Nous ne nous sommes pas préoccupés du terme auquel j'étais arrivée dans la mesure où, étant atteinte d'une maladie qui allait la faire mourir après la naissance, nous avons avant tout voulu lui éviter de souffrir (ce qui impliquait de la faire naître avant une certain stade de grossesse).

Nous avons eu besoin de l'accueillir, de la porter, de lui faire dire une messe, de l'inhumer,...de lui marquer sa place dans notre famille...
Cela n'a été possible que grâce à l'humanité des personnes que nous avons côtoyées...mais comme des "hors-la-loi"; et au vu de ce que racontent beaucoup de parents, nous avons eu beaucoup de chance.

Par ailleurs, je voudrais "rebondir" sur ce que tu confies au sujet de ton aînée...
Notre petite fille venait après trois enfants (de 7, 5, et 3 ans à l'époque).
Ceux-ci savaient que j'étais enceinte; nous avions déjà parlé souvent de ce bébé à venir, nous nous en étions réjouis ensemble...ils s'étaient déjà "projetés" avec elle.
Alors lorsqu'elle est décédée, il nous a paru impensable de ne pas mettre des mots sur ce qui était arrivé à leur petite soeur (à leur portée).

Je sais que chacun fait son chemin de deuil, en fonction de qui il est, ...et le cheminement de chacun est infiniment respectable, personnel...
Mais j'ai réalisé aujourd'hui qu'en incluant nos enfants dans le deuil, nous leur avons permis d'intégrer ce qui s'était passé, et de faire leur propre deuil, à leur manière.
C'est un apprentissage de la vie...qui est passé par de la souffrance, mais la souffrance est aussi une occasion d'apprendre et de grandir.
Evidemment j'aurais préféré qu'il ne nous arrive pas tout cela; qu'ils soient "épargnés" d'avoir à vivre cela.
Mais maintenant ils parlent de leur petite soeur sans plus de tristesse; elle fait partie de la famille, autrement que si elle avait été en bonne santé et parmi nous. simplement.