Pour nous, elle a un prénom... Olivia !

Bonjour à vous.

Sachez que nous sommes de tout coeur avec vous dans votre démarche.

Nous avons nous aussi vécu récemment une expérience douloureuse similaire et pour le moins aberrante légalement.

Nous avons 3 enfants de 14, 12 et 8 ans. Ma femme est tombée enceinte en mars dernier sans trop s'y attendre malgré des précautions (pas toujours bien suivies, je vous l'accorde...). Elle désirait tellement un 4ème enfant depuis l'arrivée du 3ème, et moi, je faisais de la résistance...

Bizarrement, quand elle m'a dit qu'elle était enceinte, j'étais plutôt content... et elle, plutôt embêtée et honteuse. Mais bon, je l'ai rassurée et notre choix a été très vite de garder cet enfant. Advienne que pourra !

Les 3 premiers mois se sont passés sans trop de problèmes.

Vers le 15 juillet dernier, mon épouse déclenche une pré-éclampsie (hypertension artérielle moyenne), après quelques 20 semaines de grossesse, peu de temps après la ponction amniotique. Dès le lendemain de cette ponction, lors de l'écho de contrôle, il nous a été dit qu'il y avait très (trop) peu de liquide, mais que comme la ponction avait été faite la veille, le liquide allait sans doute se reformer après 2 ou 3 jours.

Quelques jours plus tard, ma femme commence à faire de la rétention d'eau et prend quelques kilos très rapidement. Elle attrappe aussi des maux de têtes très intenses. Une visite chez notre médecin de famille plus tard et une tension à 19/10 nous emmènent directement en observation à Cavell. On nous donne néanmoins les résultats de l'amnio : c'est une fille et tout va bien !!! Nous l'appelons Olivia. Papa et ses frères et soeurs sont ravis d'attendre une petite fille/soeur....

A Cavell, nous sommes pris en main immédiatement et on nous accueille de manière très chaleureuse. Les quelques 3 jours passés à Cavell sont plutôt rassurants : on a pu stabiliser la tension à +/- 13/8 et les autres organes ne sont pas touchés. L'espoir renaît.... Il faut tenir le plus longtemps possible.

Nous partons en vacances début août à la mer avec la bénédiction du gyné (qui, lui aussi, part en vacances) et avec la seule idée de se reposer un maximum. Heureusement, il fait beau..

Retour prévu le mercredi 8 août à Cavell pour une simple visite de contrôle avec le gyné de remplacement (prise de sang, écho, etc..). Aïe, les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes : les reins sont maintenant touchés et la situation ne va certainement pas aller en s'améliorant... Suivront normallement le foie et le coeur, mais quand ?? Le gyné nous propose de réfléchir "rapidement" à pratiquer une interruption volontaire de grossesse puisque les chances de survie sont très limitées à 24 semaines (et avec quelles séquelles ???), surtout avec les quelques jours de retard de croissance de la petite, dûs au manque de liquide amniotique et d'oxygène (à cause de l'hypertension).

Quelques regards difficiles, quelques questions échangées avec le gyné et ma femme décide d'arrêter tout et de pratiquer un accouchement thérapeutique par voies naturelles. Adieu ma petite fille chérie ...

Rendez-vous est pris pour le vendredi 10 août à Cavell pour accoucher.

Arrivée à Cavell le 10 à 8h00. Nous connaissons déjà tout le monde et elles sont de tout coeur avec nous. On nous présente l'assistante sociale de l'hôpital et la psychologue vient passer quelques longues minutes avec nous pour nous expliquer comment vont se passer les choses avant, pendant et après l'accouchement. Des mots simples, des mots doux, des moments de réconfort. Elles sont adorables !! Heureusement....

L'accouchement se passe comme il se doit et la petite est emmenée par l'infirmière pour être "préparée". On nous propose de la voir, histoire de nous aider à faire notre deuil. Ma femme qui résistait avant l'accouchement accepte elle aussi de la voir. C'est vrai, ils sont très mignons les bébés de 6 mois. Ils prennent quelques photos et les empreintes pour le dossier médical. Je demande un jeu de photos pour moi. Ca m'aide.

Ma femme rentre dans sa chambre en pleur et le ventre vide (impression horrible), mais, d'un autre côté, satisfaite de pouvoir maintenant se concentrer sur sa propre santé. Et les signes sont rapidement positifs. Elle peut sortir le lendemain soir, OUF !

Retour à la mer pour passer la fin du mois avec les enfants. Heureusement, ils sont vraiment adorables, même si eux aussi ont vécu ce chagrin de plein fouet. Ma fille de 14 ans en a été malade de tristesse.

Je rentre 1 semaine plus tard à Bruxelles pour recommencer à travailler.

Je suis obligé de prendre congé le mardi pour assister à la crémation et la dispersion des cendres d'Olivia au crématorium de Bruxelles à Uccle. Tout avait été organisé par l'assistante sociale de l'hôpital, en accord avec moi.

Eh oui, vu qu'Olivia n'est pas déclarée puisqu'elle avait moins de 180 jours à la NAISSANCE, le père n'a pas droit aux 3 jours de congé pour le décès et les funérailles d'un enfant (alors qu'on le paie !!!), ni évidemment aux 10 jours de congé parental : QUELLE ABERRATION !!! C'est pourtant bien là que la mère et les autres enfants ont besoin de la présence du père... et que le père aussi a besoin de la présence de son entourage...

La dispersion s'est faite sur une pelouse réservée aux foetus. J'ai demandé à apposer une plaquette commémorative sur le panneau prévu à cet effet à côté de la pelouse. Au moins, sur cette plaquette, on y met ce qu'on veut. Olivia y est donc mentionnée avec le nom de son père, mon nom de famille. Sinon, dans tous les dossiers la concernant à l'hôpital et au cimetière, elle n'est reconnue que par le nom de sa mère. Encore une ABERRATION !!!

Je termine sur un petit coup de gueule, comme vous, pour montrer du doigt les inadéquations des lois vis-à-vis de la peine et de la souffrance des gens qui sont confrontés à cette situation rocambolesque.

Ne pas reconnaître cet enfant qui vit et bouge en vous, et qui, malheureusement, pour quelque raison que ce soit, décède "in utero"; c'est un véritable drame psychologique et social.

Ces lois doivent être adaptées à la réalité de la vie d'aujourd'hui, au progrès de la médecine et aux souffrances des parents endeuillés.


Désolé !! J'ai sans doute été un peu long, mais, raconter notre histoire fait encore partie de mon processus de deuil (2 mois après)...

Amitiés,

P & M

Je suis désolée pour votre petie Olivia...

Par mon message, je voulais juste vous dire que je vous ai lu et que vous m'avez touchée avec vos mots de Papa... Les mêmes mots que mon mari... Il va se sentir moins seul!

Merci!