Juliette est son nom
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Message  François Ven 19 Oct - 22:38

Bonjour,

Je suis de tout cœur avec vous pour votre combat pour que les lois changent et donnent le droit aux parents de faire porter à leur enfant mort-né un nom et un prénom .

Je comprends votre douleur de la perte de votre enfant, votre fille Juliette.

Il y a environ 9 ans, j’ai aussi donné naissance à un enfant mort-né, un garçon que nous avons prénommé Michaël, son nom ne figure que sur la croix à l’endroit où nous l’avons inhumé et je l’ai également inscrit dans notre carnet de mariage mais sans le cachet de la commune du lieu de naissance puisqu’au yeux de la loi, c’était comme s’il n’avait jamais existé. Nous avons juste reçu une attestation de décès qui spécifiait la ‘naissance d’un enfant de sexe masculin mort-né’ qui nous autorisait à l’inhumer. Nous n’avons eu aucun droit d’inscrire le prénom et le nom de notre enfant sur un quelconque document officiel. Nous avons ressenti et nous ressentons encore cette non-reconnaissance comme une très grande injustice.

Cette douleur de la perte de Michaël s’est atténué avec le temps et aussi, parce que, par la suite, j’ai eu la chance de vivre 2 autres grossesses sans problème et j’ai donné naissance à 2 enfants en très bonne santé : mon fils Kévin (8 ans) et ma fille Lélia (4 ans). Lors de la déclaration de leurs naissances, les fonctionnaires communaux ont biensûr vu que j’avais inscrit mon premier enfant ‘Michaël’(alors que selon la loi, je n’en ai pas le droit). Heureusement, ils ont compris et ne l’ont pas barré ou effacé son prénom et son nom.

Je vous livre mon témoignage (long à lire). Cela me fait du bien de pouvoir le livrer. D’autres femmes s’y reconnaîtront probablement.

Cette triste expérience, il n’est pas facile d’en parler aux autres, c’est tabou. Et si vous en parlez, on vous dira quelque chose dans le genre ‘ce n’est qu’une fausse couche…beaucoup de femmes font de fausses couches, c’est normal…et puis, tu auras d’autres enfants…, j’ai même entendu dire ‘ne fais pas un drame pour si peu…’(genre de commentaires blessants). Il n’y a vraiment que ceux qui l’on vécu qui comprennent.

Ainsi, il y a environ 9 ans, j’ai eu une première grossesse qui s’est mal terminée. Vers la 19ème semaine de gestation ; les médecins ont décelé une anomalie de la croissance du fœtus à l’échographie. Trois semaines auparavant, on m’avait fait une biopsie du col de l’utérus, suite à cela, j’ai eu le jour même des contractions utérines mais on a pu les interrompre par la prescription d’hormones spécifiques et tout était donc revenue normal ce même jour. Ils avaient cru que j’avais une displasie cervicale (ou lésion précancéreuse) mais, j’ai su plus tard qu’on m’avait inquiété pour rien et que cette intervention était inutile et comportait même des risques pour le déroulement de ma grossesse.

Peut-être que ces contractions ont provoqué un petit décollement du placenta ? On n’a jamais pu me répondre à cette question.

Donc vers 19 sem gestation (c’était un 24 décembre 1997, la veille de Noël), à l’échographie, le fœtus semblait avoir un retard de croissance parce que le sang ne circulait plus très bien au niveau du cordon ombilical et le placenta ne remplissait plus très bien son rôle. A ce moment-là, les médecins avaient encore de l’espoir que les choses redeviennent normal ou espéraient-ils qu’on parviendrait à maintenir l’enfant en vie jusqu’à la limite de la viabilité (26 semaines à l’époque), encore fallait-il qu’il continue à bien se développer.

Les semaines qui ont suivi et qui ont précédé sa mort, ont été très pénibles. J’ai été suivie dans un hôpital universitaire, balancée d’assistants en assistants, leur prof ou médecin-obstétricien en chef ne me recevait que pour faire le point dans son bureau. Un environnement hypermédicalisé mais manquant d’humanité. Finalement, on n’a jamais pu me donner une explication logique pour m’expliquer ce qui s’est passé de mal durant cette première grossesse et on me faisait craindre qu’il y aurait éventuellement encore des problèmes pour mes futures grossesses.

Mon enfant resta en retard de croissance. Lors de la 26ème semaine de grossesse, on programma une césarienne pour essayer de le sauver, je me souviens très bien de la date, c’était prévu pour le lundi 26 janvier 1998. J’avais été hospitalisée pour des tests, la semaine qui précédait cette date, le vendredi 23 janvier 1998, on m’autorisa à rentrer chez moi, j’en avais besoin pour me préparer à ce qui m’attendais. J’avais vu tellement de fois mon enfant à l’échographie et je sentais (je ne sais pas me l’expliquer) qu’il avait envie de partir. Mais tant qu’il était en vie, j’aurais fait tout pour qu’il vive, les médecins ne me cachaient pas les conséquences d’un retard de croissance si tôt (avant la 25ème semaine de grossesse) mais ils comprenaient que je tenais tellement à ce que mon enfant vive qu’ils ont accepté de tenter presque l’impossible pour le sauver et qu’ils ont donc programmé une césarienne et surtout parce c’était la 26ème semaine.

Mes parents nous ont soutenu dans notre choix mais ma belle-famille ne nous ont pas encouragé, ma belle-mère avait même été odieuse, elle avait téléphoné à mon mari et à ma mère pour essayer de me convaincre d’avorter, ce qui m’a fort blessé et depuis ce jour, jamais j’aurais cru qu’elle puisse faire une chose pareille et je garde toujours rancune contre ma belle-famille.

A mon retour à la maison le week-end qui précédait la césarienne prévue, je ne sentais presque plus mon enfant bougé ou si peu, il était trop petit, trop faible, souvent je ne le sentais pas et il n’y avait que l’échographie pour savoir s’il était encore vivant. On m’avait juste demander de revenir la veille de l’intervention chirurgicale pour me faire la piqûre pour injecter un produit qui permet de préparer les poumons de mon enfant pour la naissance, je suis donc revenue à l’hôpital, ce dimanche 25 janvier 1998 dans la matinée, je n’avais pas pu sentir mon enfant bouger depuis que j’étais parti le vendredi 23 janvier, 2 jours plus tôt. Ce dimanche matin, je suis retournée à l’hôpital avec mon mari, on me fit donc la piqûre et puis on fit un monitoring. C’était un assistant-médecin qui s’occupa de moi ce jour-là. Il essaya à différents endroits de mon ventre de placer le capteur sans parvenir à déceler le moindre battement cardiaque. Je pensais à ce moment-là qu’il était trop tard et que mon enfant était peut-être mort bien que je refusais encore de le reconnaître mais je m’y préparais…Je devinais que l’assistant-médecin pensait à peu près la même chose que moi mais n’osais pas me l’avouer en face, il était lui-même dans le doute et gardait apparemment aussi quelques espoirs…

Il resta un moment sans rien dire à chercher un emplacement pour y déceler quelques battements de vie…Finalement il se décida à me conduire dans la salle d’échographie. Sur écran, j’ai tout de suite compris la dure réalité, et il n’a pas eu besoin de me le dire. Sur cet écran, une image inerte de mon bébé, plus un seul mouvement, plus un seul son, plus aucun signe de vie. Mon enfant s’en était allé, il n’était plus. J’étais restée incroyablement très calme, juste une larme qui s’est écoulée sur ma jour. Rien que cette larme.

L’assistant est venu chercher le médecin en chef pour constater le décès.

Je savais (je ne sais pas pourquoi), que mon enfant s’en irait avant qu’on tente de le sortir vivant de mon ventre. Et j’étais curieusement soulagée qu’il n’ait plus à souffrir par la suite. Il avait déjà assez lutté pour sa vie dans mon ventre. Et s’il avait survécu à l’intervention pour le sortir de moi, nous ne saurons jamais s’il aurait tenu longtemps en vie. Peut-être quelques mois, quelques heures, quelques secondes…

Suite à ce constat de décès ‘in utero’, on m’a mise dans une salle de travail, c’était en fin de matinée, j’ai prévenu mes parents (il était inutile que je prévienne ma belle-famille), ils sont venus à l’hôpital pour nous voir. Ils étaient également très attristés par la nouvelle.

Dans la soirée, vers 23h, on mit sous perfusion. L’assistant de la matinée me mit un produit sur le col et des sortes de lamelles (ne sait pas au juste ce que c’est) pour forcer mon col de l’utérus à s’ouvrir. Il me fit cette application 4 à 5 fois au cours de la nuit et m’obligeant de plus à me déplacer de la salle de travail à une autre salle de gynécologie qui se trouvait à l’autre bout du couloir. Lors de ces applications ou de ces touchers, il n’a pas été d’une grande délicatesse. Dès la première application, j’ai ressenti des douleurs dans le bas-ventre et des envies de vomir, et je n’arrêtais pas de vomir. Des douleurs atroces bien plus intenses que ce que j’ai ressenti lorsque plus tard, j’ai mis au monde mes 2 enfants suivants (où je n’ai même pas eu besoin de péridurale) et on ne pouvait rien me donner pour me soulager. Cela a duré toute la nuit.


Vers 8h30, mon col avait enfin atteint les 3 cm d’ouverture, on me mit en salle d’accouchement et on me mit la péridurale (qui n’a pas fonctionnée, peut-être mal mise). Vers 9h, contre toute attente, ce qui a bien surpris les médecins, en 30 min, l’ouverture est passée de 3 cm à presque 8 cm et en une poussée, mon enfant est sortie.

Le plus dur a été le décollement manuel du placenta à vif, pcq la péridurale n’avait pas fonctionné, la gynécologue ‘en chef’ voulait qu’on m’endorme avec le masque mais l’anesthésiste n’était pas d’accord…

Après l’accouchement, on m’a replacé dans la chambre de travail où j’avais passé la nuit, j’ai demandé à ce qu’on me présente mon enfant. J’ai pu le voir et le serré dans mes bras…mon mari et ma mère était là aussi pour le voir. J’ai demandé la visite d’un curé pour le bénir. Il n’y a pas vraiment eu de baptême. Les hommes d’Eglise, ce n’est pas mieux que les politiciens qui font les lois. Tant qu’on ne peut pas nommer un enfant mort-né , pas de baptême non plus. Il a juste dit quelque mots gentils…faut pas être curé pour cela.

Ensuite, j’ai remis mon enfant à l’infirmière, j’avais accepté qu’on fasse une autopsie (plutôt à contre-cœur) mais je savais (j’avais insisté pour pouvoir l’inhumer) qu’il placerait ensuite dans un petit cercueil et qu’il nous le rendrait à l’endroit où nous l’avons mis en terre.

Une gentille assistante sociale, la plus humaine des personnes que j’ai croisée dans cette hôpital s’est chargé de toute les formalités nécessaires et nous à encourager pour le futur. Elle était venu nous rendre visite dans cette autre chambre où l’on m’avait placée de l’autre côté du couloir et à l’écart des chambres réservées habituellement à des mamans (qui ont donné naissance à des enfants vivants) avec leurs bébés. Je n’étais biensûr pas considérée comme mère puisque mon enfant était mort.

Michaël est décédé officiellement le 26 janvier 1998.

J’étais heureusement soutenue par mon mari, mes parents et mon frère et par quelques amies proches.

La même année, le jour de Noël, le 25 décembre 1998, j’ai mis au monde sans problème mon fils, Kévin.
Ce fût le plus beau Noël de ma vie.

Voilà, j’ai écrit ce qui me restait sur le cœur. Il y a longtemps que cela s’est passé. D’autres femmes ont vécu à peu près la même situation que moi ou que vous. Chacune a sa triste histoire. Une histoire qu’on est souvent bien forcée de garder pour soi et forcée d’oublier.

Je suis contente de savoir qu’il y a des personnes comme vous, pour se battre pour cette noble cause.

Vous récolterez plein de soutien et d’autres témoignages qui feront réfléchir ceux qui font les « lois ».

Je suis de tout cœur avec vous dans votre combat.


Françoise

François
Invité


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